Les défricheurs de nouveaux mondes
1870. Alors que le Second Empire meurt à Sedan, Villelongue, hameau d’une vallée reculée du Rouergue, vit un événement étrange avec l’accouchement d’une femme que nul, pas même son mari, ne savait enceinte. Rejetée par sa mère, l’enfant est baptisée Marie par sa grand-mère, Céleste Bonal, qui décide contre toute raison de la garder en vie. Il faudra de fait l’obstination de tous les villageois pour sauver l’enfant chétive d’un terrible hiver, le plus froid de mémoire d’homme.
De cette histoire qui commence comme un conte, avec ses mauvaises fées et ses âmes charitables, Roger Béteille tire une magnifique saga qui nous emporte dans le pas des migrants, fuyant des campagnes ravagées par la maladie de l’encre et le phylloxéra, les uns pour les villes où ils s’emploient aux plus dures besognes, les autres au-delà de l’Atlantique vers des pays à inventer. À la même époque, dans le Ségala aveyronnais où est née Marie, des paysans conquérants défrichent des terres nouvelles qui, amendées de chaux, seront leur eldorado. Dans ces grands espaces, en France et autour de Pigüé en Argentine, Roger Béteille fait vivre une splendide héroïne, farouchement indépendante et moderne, grandie dans l’amour d’une paysanne qui rêvait pour elle l’instruction, la liberté, la dignité, en un siècle peu clément avec les femmes. Le destin de Marie, l’enfant miraculée, se dessinera parmi les défricheurs de nouveaux mondes où naîtront et mûriront ses passions.