Rade amère
Comment un homme en vient-il à entrer dans une affaire criminelle qui le mène droit dans le gouffre ? Contre son instinct, contre sa volonté, parce qu’il se dit que c’est peut-être une manière de s’en sortir. Cet homme, c’est Caroff. Depuis des mois il dérive dans la ville de Brest, sans bateau, sans métier, sans avenir. Ceux qui le connaissaient ne veulent plus entendre parler de lui. Parce que par folie, par imprudence, il a perdu par gros temps la vie d’un matelot de seize ans. Mais il a une femme, une Marie qui croit encore en lui, et tous les deux, dans cette passe d’adversité, ils se débattent, recroquevillés autour de leur fille, ce petit miracle qui les a maintenus à flot, malgré tout ce qui manque dans leur mobil-home posé sur un terrain vague. Et ce bonheur-là, pensent-ils, personne ne peut le leur enlever.
Alors Caroff la prend, cette vilaine tangente, sans imaginer que sur cette trajectoire-là il va croiser d’autres gamins, risquer d’autres vies, rencontrer un type comme Jos Brieuc, avec lequel il n’aurait rien dû avoir à partager.
Dans un premier roman intensément maritime, éclairé par les cardinales, les balises rouges et vertes des chenaux, les feux de route des navires, Ronan Gouézec affronte des douleurs d’homme, des combats de père, les deuils impensables qu’il faut vivre. Et nous emporte dans la grande houle d’un océan sans pardon.