Sous la vague
Mars 2011. Alors que le Japon s’enfonce dans le chaos nucléaire, l’héritier d’une prestigieuse propriété de cognac vit son propre tsunami. Dégringolade financière, fille enceinte d’un ouvrier syndicaliste, grève, etc. Il résiste à sa façon, molle et naïve, ne trouvant du réconfort qu’auprès de son chauffeur, un fumeur de joints, ainsi que d’un chevreuil, comme si, face à la sauvagerie globalisée, seule la chaleur d’un animal, ou les fragrances d’un vieil alcool, lui apportaient réconfort.
Démarrant comme une comédie sociale, le nouveau roman d’Anne Percin bascule progressivement dans une fable fantaisiste et décalée. Une nouvelle veine pour cette auteure appréciée en littérature générale comme en jeunesse.
• Le mot de l'auteur
"C’est un livre certainement très différent, dans la forme, de mes trois autres livres adultes, on peut le voir comme une variation autour du genre très codifié de la « comédie sociale ». On penche parfois vers la caricature, le trait est grossi, il y a de la bouffonnerie, de la farce, comme le veut le genre : il y a du Don Quichotte dans mon héros, et du Scapin dans son chauffeur Eddy ! L’aspect comique (qui surprendra moins mes lecteurs en jeunesse) est totalement assumé, avec un ton pince-sans-rire et sarcastique très inspiré par le roman humoristique anglais : mes références lorgnent du côté de PG Wodehouse (Jeeves), de Jérôme K Jérome (Trois hommes dans un bateau) ou d’Iris Murdoch (Le Prince Noir), qui font hurler de rire les Anglais mais laissent souvent perplexes nos compatriotes !
Mais il ne faudrait pas s’y tromper : son côté absurde, l’omniprésence des rêves, tire peu à peu le lecteur dans un monde flou, déstabilisant. On lorgne cette fois du côté du Japon (pays qui tient une place prépondérante dans l’histoire) et le livre peut évoquer Murakami bien sûr, mais aussi les anciens, Natsumê Soseki, Kenzaburô Oé. Mon idée était d’écrire un roman « entre deux eaux », un roman flottant, comme en état d’ébriété (ce n’est pas un hasard si ça se passe dans le cognac), ou comme un rêve qu’il nous faudrait, au réveil, analyser.
Mon anti-héros, d’un conformisme effarant, se trouve « coincé » (comme tous les animaux à qui il va venir en aide) et s¹échappe : la comédie bien huilée se trouve alors parasitée, envahie, par l¹onirisme et la poésie, traversée par des questionnements assez universels sur l’âge, la notion de normalité, la solitude ou encore, le rapport à la nature et à une certaine « sauvagerie », thèmes qui surprendront moins mes lecteurs."
Anne Percin